Spécificité des adaptations musculaires
"Le muscle s'adapte exactement à la contrainte qui lui est imposée". Cette phrase qui peut paraître anodine, doit pourtant être le fer de lance de tout entraîneur qui se veut efficace dans sa planification des séances consacrées à l'augmentation de la force maximale.
Puisque le muscle répond de façon très précise aux sollicitations imposées, il faut connaître parfaitement le mode d'adaptation du muscle à l'entraînement de force, et savoir quelle méthode est alors la plus adaptée à l'objectif visée.
Plusieurs paramètres peuvent avoir une influence significative sur les gains de force musculaire après l'entraînement.
- Le premier
est le type de travail musculaire utilisée au cours de l'entraînement
(statique, dynamique concentrique ou dynamique excentrique). Il a été démontré
(Marini et coll. 1988) que, lors de la ré-évaluation du niveau de force maximale
après un entraînement spécifique, les niveaux de force
les plus élevés étaient obtenus au cours des mouvements utilisant le même
type de travail que durant l'entraînement. Ainsi, si l'entraînement a une
dominante isométrique, les gains de force ne se feront que pour ce type de
travail et non pour le travail dynamique. En d'autres termes, il n'existe
pas de transfert d'un type de force à un autre.
- Pour
les contraction isométriques, l'angle d'entraînement joue également
un rôle important car la mesure de la force maximale post-entraînement, réalisée
à tous les angles articulaires, montre que seules les forces proche de l'angle
d'entraînement ont augmentée Thépaut-Mathieu et coll. 1988). L'angle maintenu
durant une contraction isométrique influence de façon spécifique l'adaptation
du muscle à l'entraînement de force.
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Figure 1
: Effet spécifique de l'angle d'entraînement.
Trois groupes ont suivi un entraînement isométrique à
un angle donné : l'un très ouvert (L25) , l'un intermédiaire
(M80) et un dernier très fermé (S120). Un quatrième
groupe à servir de groupe contrôle (C). On voit très
nettement que les plus fortes augmentations de force ont lieu pour
les angles utilisés durant l'entraînement avec une diminution
rapide de la force lorsqu'on s'en éloigne. Notons que la diminution
est moins brutale pour l'angle moyen. |
- La charge
utilisée est un facteur important à prendre en considération. Ainsi, en partant
du principe que le sujet doit mobiliser le plus rapidement possible une charge
donnée, si celle-ci est proche du maximum du sujet, elle n'induira
pas les mêmes adaptations qu'une charge légère (30-40% de la force maximale
du sujet) : en effet, la première ne peut être bouger qu'à
vitesse lente alors que la seconde peut l'être très rapidement.
Cette influence de la charge sur l'entraînement de la force se manifeste par
un changement typique de la relation force-vitesse : la portion de la courbe
correspondant au niveau de charge utilisé est surélevée par rapport à l'axe
de référence (voir figure ci-dessous).
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Figure
2 : Changement de la courbe force-vitesse en fonction de la charge
utilisée pendant l'entraînement (avant : tirets ; après : trait
plein). |
- Il y a une
adaptation à la vitesse d'exécution. Pour la mettre en évidence, il
suffit d'utiliser un appareil permettant d'imposer une vitesse d'exécution
au sujet (appareil dit "isocinétique" de type Cybex®). Il a pu être
ainsi démontré (Kanehisa et Miyashita, 1983) que les gains enregistrés après
l'entraînement étaient spécifiques de la vitesse utilisée durant celui-ci.
- Enfin, le
geste technique a une influence sur le gain de force. Ainsi, il a été
montré que l'augmentation de force du quadriceps était plus élevée lorsque
l'on utilisait le même exercice que celui répété à l'entraînement qu'une autre
forme qui semble similaire (par exemple squat vs. presse horizontale).
En résumé, les gains de force sont spécifiques :
- du type de contraction ;
- de l'angle articulaire ;
- de la charge ;
- de la vitesse d'exécution ;
- du geste lui-même.
Par conséquent, il est très important pour l'entraîneur d'avoir une connaissance poussée de la biomécanique de sa discipline favorite pour proposer des exercices qui soient le plus proche possible du geste compétitif ou, tout du moins, du geste technique le plus juste d'un point de vue biomécanique par rapport aux caractéristiques morphologiques du sujet.
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